mars, 2014

Outrages

Sean PennL’horreur, Brian De Palma, ça le connaît. Qu’il trempe dans le fantastique ou le polar, il s’y entend à la distiller. Alors, les atrocités du Vietnam, quelle matière ! Son héros, un Michael J. Fox à peine rentré du futur, parfaite incarnation du jeune Américain moyen, est le GI Eriksson. Pour lui, le premier contact avec la « sale guerre » est très, très dur. Piège, il y laisserait sa peau sans le sergent Meserve (Sean Penn). Celui-ci, conscient que ses hommes sont ivres de rage après la mort d’un des leurs, les « autorise » à enlever une jeune Vietnamienne pour entretenir le moral pendant une périlleuse mission de reconnaissance. Ella sera violée et tuée sur fond de napalm et de massacres.

Seul Eriksson est contre. Résistant à tous les « conseils » , il dénonce ses camarades, tous coupables ou complices. On ne lui pardonnera pas… De même, le public américain n’a pas pardonné à Brian De Palma de remuer ces mauvais souvenirs, ce remords et cette honte. Là-bas, on préfère oublier tout ça, ou bien pleurer au cimetière comme dans « Un héros comme tant d’autres ». Au lieu de cela, « Outrages » met le doigt sur une contradiction profonde : car c’est bien Eriksson, idéaliste, épris de justice, qui est le vrai héros américain. Dans ce rôle, Michael J. Fox est aussi sobre et réservé que Sean Penn violent et inquiétant.

Lady Beware

Lady BewareFilm étrange, mais pouvait-on attendre autre chose d’une des réalisations américaines les plus engagées dans un cinéma d’introspection et un combat féministe ? Karen Arthur a signé l’étonnant « Mafu cage ». Avec « Lady Beware », Arthur donne dans le thriller à suspense, très sexuel et violent. Mais elle n’en abandonne pas pour autant ses ambitions. Son héroïne est une jeune décoratrice de vitrines de grands magasins de Pittsburg (où le film a été tourné) qui s’offre, dans ses créations, des audaces très étonnantes. Ella attire la curiosité malsaine d’un jeune macho— par ailleurs paisible mari et père de famille — qui s’infiltre dans le loft de la jeune fille, la viole, lui fait subir les sévices sexuels les plus humiliants, la persécute au téléphone. Et tout ce trouble semble donner de l’inspiration à la jeune femme pour ses vitrines. Mais, lorsqu’elle sent qu’elle glisse vers la folie, à force de sévices et de persécutions, elle décide de prendre les commandes du jeu et de se faire justice. Mais pas à la manière de Charles Bronson. Avec une finesse beaucoup plus féminine, cruelle et plus ambigüe. Karen Arthur s’offre, au-delà d’un thriller fort efficace (un peu sombre toutefois dans les scènes de Viols nocturnes qui ouvrent le film), une séduisante variante sur le mythe éternel du maître et de l’esclave.

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Shocker mee

On ne sera pas surpris, bien sûr, par le meurtrier indestructible de « Shocker », sachant que son créateur n’est autre que Wes Craven. Le père de l’abominable Freddy ne cache pas qu’il en fit une maladie lorsqu’on lui enleva son enfant. Résultat, frustré de ne plus mettre en scène les exploits de Freddy Krueger (« Les griffes de la nuit », les suites, la série…), il lui a donné un petit frère, qui répond au doux prénom d’Horace. Bon sang ne peut mentir ! Celui-ci est un tueur fou aussi féroce que son aîné, et voici sa première (mais sûrement pas dernière) sanglante aventure. A suite de ses forfaits, le bougre passe sur la chaise électrique stupeur, le courant lui donne un coup de fouet et il redouble de fureur. Il a reçu une décharge de 200 000 volts, ce qui le rend deux fois plus redoutable, donc, que Gilbert Bécaud. Transformé en mutant électrique, Horace fait des ravages en voyageant à travers les fils, les prises de courant et en traversant les écrans de TV. Effets spéciaux en pagaille, mais scénario minimal, Craven n’a qu’à moitié réussi son pari.

Embrasse-moi vampire

Embrasse-moi vampire
Le vampirisme est une terrible contagion, savez-vous ? Venu d’une province roumaine, la Transylvanie, il a gagné le monde entier. Agent de propagation : le celluloïd, autrement dit la pellicule. Mais le mal évolue : c’en est bien fini des vampires gothiques, avec manoirs à toiles d’araignée. Aujourd’hui, c’est une maladie comme une autre, pour entretien de Bichat. Voyez ce qui arrive à ce pauvre Nicolas Cage dans le film de Robert Bierman : fringant yuppie new-yorkais, il drague une sublime créature, Jennifer Beals (de quoi craquer !) sans voir que ses canines sont acérées. Quelque temps plus tard, notre jeune cadre sombre dans une étrrange morbidite, se clôitre dans l’obscurite et persécute sa secrétaire. Que se passe-t-il ? Est-il malade, sujet à des hallucinations ou carrément vampirisé ? D’un bout à l’autre,  » Embrasse-moi vampire » maintient l’ambiguïté, et du coup le film oscille entre le drame le plus noir et la comedie la plus hilarante, où Nicolas Cage (c’est le rôle qui veut ça) cabotine à plaisir, le sien et le nôtre.

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