Outrages

Sean PennL’horreur, Brian De Palma, ça le connaît. Qu’il trempe dans le fantastique ou le polar, il s’y entend à la distiller. Alors, les atrocités du Vietnam, quelle matière ! Son héros, un Michael J. Fox à peine rentré du futur, parfaite incarnation du jeune Américain moyen, est le GI Eriksson. Pour lui, le premier contact avec la « sale guerre » est très, très dur. Piège, il y laisserait sa peau sans le sergent Meserve (Sean Penn). Celui-ci, conscient que ses hommes sont ivres de rage après la mort d’un des leurs, les « autorise » à enlever une jeune Vietnamienne pour entretenir le moral pendant une périlleuse mission de reconnaissance. Ella sera violée et tuée sur fond de napalm et de massacres.

Seul Eriksson est contre. Résistant à tous les « conseils » , il dénonce ses camarades, tous coupables ou complices. On ne lui pardonnera pas… De même, le public américain n’a pas pardonné à Brian De Palma de remuer ces mauvais souvenirs, ce remords et cette honte. Là-bas, on préfère oublier tout ça, ou bien pleurer au cimetière comme dans « Un héros comme tant d’autres ». Au lieu de cela, « Outrages » met le doigt sur une contradiction profonde : car c’est bien Eriksson, idéaliste, épris de justice, qui est le vrai héros américain. Dans ce rôle, Michael J. Fox est aussi sobre et réservé que Sean Penn violent et inquiétant.

Lady Beware

Lady BewareFilm étrange, mais pouvait-on attendre autre chose d’une des réalisations américaines les plus engagées dans un cinéma d’introspection et un combat féministe ? Karen Arthur a signé l’étonnant « Mafu cage ». Avec « Lady Beware », Arthur donne dans le thriller à suspense, très sexuel et violent. Mais elle n’en abandonne pas pour autant ses ambitions. Son héroïne est une jeune décoratrice de vitrines de grands magasins de Pittsburg (où le film a été tourné) qui s’offre, dans ses créations, des audaces très étonnantes. Ella attire la curiosité malsaine d’un jeune macho— par ailleurs paisible mari et père de famille — qui s’infiltre dans le loft de la jeune fille, la viole, lui fait subir les sévices sexuels les plus humiliants, la persécute au téléphone. Et tout ce trouble semble donner de l’inspiration à la jeune femme pour ses vitrines. Mais, lorsqu’elle sent qu’elle glisse vers la folie, à force de sévices et de persécutions, elle décide de prendre les commandes du jeu et de se faire justice. Mais pas à la manière de Charles Bronson. Avec une finesse beaucoup plus féminine, cruelle et plus ambigüe. Karen Arthur s’offre, au-delà d’un thriller fort efficace (un peu sombre toutefois dans les scènes de Viols nocturnes qui ouvrent le film), une séduisante variante sur le mythe éternel du maître et de l’esclave.

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