La guerre en action

Le cinéma adore le spectaculaire. Il permet aux réalisateurs et aux responsables des effets spéciaux de rivaliser d’adresse et d’ingéniosité. Quoi de plus « porteur» dans ce domaine que la guerre? Celle de 39-45 a le don d’inspirer les bons faiseurs et les experts en pyrotechnie, et un nombre incalculable de films a été tourné sur caste période.

guerre 1939 1945

Il convenait d’effectuer un choix draconien en respectant toutefois la chronologie des événements. «Week-end à Zuydcoote», réalisé en 1964 par Henri Verneuil, décrit minutieusement ce que le romancier Roland Dorgelès appelait la «Drôle de guerre» et qui dure de septembre 1939 à mai 1940. Outre ce film d’action particulièrement maitrisé (imposante figuration et interprétation sans faille avec un Belmondo en surforme), cette pénible page d’histoire faite d’attentisme et d’attaques surprises a donné prétexte aux premières séquences du célèbre «Jeux interdits», de René Clément, et de « Babette s’en va-t-en guerre», de Christian-Jaque. Pierre Granier-Deferre a su fort bien dépeindre l’exode des civils dans «Le train », avec Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, tandis que Robert Lamoureux a tenté, en y réussissant parfois, de faire rire avec les trois volets de la «Septième compagnie». Inlassablement, Hitler continue d’assouvir sa soif de conquêtes. En 1939, il envahit la Pologne et le trop fameux ghetto de Varsovie, largement évoqué dans «Au nom de tous les miens ». L’autobiographie de Martin Gray, mise en scène par Robert Enrico, fait partie des taches indélébiles qui endolorissent notre mémoire. Dans le même temps, la France et la Grande-Bretagne déclarant la guerre à l’Allemagne. Hitler poursuit sa progression, misant sur l’effet de surprise et la rapidité de ses attaques. Il viola allégrement le pacte de non-agression signé et approuvé par l’Occident lors de la Convention de Genève. 1940 est l’année de toutes ses victoires… et celle de toutes nos défaites. Le Führer annexe successivement les Pays -Bas, la Belgique et le Luxembourg.

Belmondo La France est divisée en deux, le Nord occupé et le Sud libre, car les Allemands occupant les points stratégiques de notre pays. L’Italie, alliée depuis le début à l’Allemagne, déclare officiellement la guerre à la France. Tout se bouscule, tout va trop vite! Et c’est vraiment le début de la grande gloire du Troisième Reich qui va ne faire que croître et embellir jusqu’en 1944. Quelle manne pour le cinoche! Si «Quand les aigles attaquent » (1969), de Brian G. Hutton, raconte l’histoire intemporelle d’un commando anglais qui a pour mission de délivrer un général détenu par les nazis dans une forteresse alpine imprenable, «La bataille d’Angleterre» s’appuie sur des faits réels. Réalise la même armée par Guy Hamilton, ca film, qui relate de façon spectaculaire l’attaque, le 10 et 1940, par 2 500 bombardiers allemands des terrains d’aviation du sud de l’Angleterre, est le plus coûteux tourne en Grande-Bretagne. Un casting d’enfer (Laurence Olivier, Michael Caine, Robert Shaw, entre autres), une dizaine de conseillers militaires, un matériel de guerre considérable, tout est mis en place pour faire de l’œuvre une folle superproduction. Généralement, les scénaristes, jamais en mal d’inventions, adaptent, en fonction du budget et des acteurs, un fait de guerre ou un morceau de bravoure notoire. C’est le cas des «Canons de Navarone», produit par Carl Foreman et réalisé par Jack Lee Thompson.

Gregory Peck, David Niven et Anthony Quinn sont chargés de détruire deux énormes canons allemands dressés sur les hauteurs de l’lie de Kheros. Ce film célébrissime, outre son interprétation solide, bénéficie d’imposants moyens et d’une réalisation carrée. Il en va de même pour «Le bateau», tourné en 1981 par l’Allemand Wolfgang Petersen. Ce drame, qui a coûté 25 millions de marks, se déroule en 1941 dans un sous-marin germanique. Les bleus comme les vétérans émettent des incertitudes quant à la victoire finale. Le moral n’y est plus. Ils ignorent qu’ils sont en train d’accomplir leur dernière mission. Jürgen Prochnow incarne avec beaucoup de conviction le commandant de ce « bateau» de l’ultime chance. Peter O’Toole, de son côté, interprète en hallucine un général nazi complètement désaxé qui assassine des prostituées, au hasard de ses raids, dans le film sulfureux d’Anatole Litvak, «La nuit des généraux » (1966). Il est vrai que la guerre prête à toutes les exactions. Le réalisateur français Denys de La Pa tellière analyse avec pertinence les conflits internes qui peuvent éclater au sein d’un groupe d’hommes dans «Un taxi pour Tobrouk» (1961). L’action se déroule en 1942 dans le désert de Libye. Deux Français, un médecin juif, un Basque et un Allemand se trouvent réunis par le hasard et sont contraints de cohabiter. Si les scènes d’action ne manquent pas, l’accent est mis sur les rapports conflictuels qui constituent la trame du scenario. C’est en voulant envahir la Russie qu’Hitler connait son premier échec. Une tentative lourde de conséquences avec ses 7 500 000 morts de part et d’autre et un c’est en matériel, pour l’Allemagne, encore aujourd’hui inchiffrable. Rares sont les films qui ont traité de front cette douloureuse page d’Histoire. «Croix de fer » est de ceux-là. Réalisé de main de maitre par le grand Sam Peckinpah, chantre incontesté de la violence à l’écran (souvenez-vous de « La horde sauvage»), ce film âpre et dur se situe en 1943 sur le front russe. L’heure de la retraite a sonné pour les troupes allemandes, mais le commandant Stransky (Maximilian Schell) ne l’entend pas de cette oreille. Il s’est porté volontaire pour l’enfer afin d’obtenir la glorieuse Croix de Fer. Seul obstacle, le sergent Steiner (James Coburn), un militaire cynique qui ne croit plus au Troisième Reich. L’ambiance déliquescente d’ou suinte la défaite est parfaitement rendue. Cette œuvre méconnue mérite d’être découverte pour sa force, sa méchanceté et sa condamnation sans appel de l’absurdité de la guerre. Le général Eisenhower, chef des armées américaines pour l’Europe, dispose à ses côtés de deux stratèges de talent, Patton et Montgomery. Problème aigu, ils ne peuvent pas se sentir et se vouent une haine féroce.

George S. Patton est le héros du film — homonyme du général — que Franklin J. Schaffner réalise en 1969. Le comédien George C. Scott se coule à merveille et sans effort dans la peau d’un des généraux les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale. Ses coups de gueule légendaires et ses éclairs de génie foudroyants lui valent une solide réputation d’emmerdeur incontournable. C’est aussi le cas de Montgomery qui parachute, en septembre 1944, 35 000 hommes en Hollande pour s’emparer des six ponts principaux qui mènent à la frontière allemande. Richard Attenborough en tire, en 1977, un film démesuré au casting international, «Un pont trop loin ». Dans le genre opération suicide, « Les douze salopards», de Robert Aldrich, n’est pas mal non plus.

A la veille du débarquement en Normandie, le commandant Reisman (Lee Marvin) doit recruter, dans une prison militaire, douze hommes condamnés à de très lourdes peines. Leur mission anéantir un château, près de Rennes, transforme en quartier général par les nazis. Si ce film reçoit sa sortie un accueil controverse de la part de la critique, certains y voyant une apologie du fascisme, d’autres le considérant comme un virulent pamphlet antimilitariste, n’en va pas de même pour le grandiose «Jour le plus long ». Réalise avec des moyens considérables (neuf mois de tournage, quatre metteurs en scène, 167 comédiens), cette épopée lyrique reste ce jour le film de référence sur la haute stratégie guerrière. On le voit, la guerre est (malheureusement?) une source d’inspiration inépuisable pour le septième art.

Add a Comment Trackback

Add a Comment